L'UE prête à poursuivre la Chine devant l'OMC

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Le siège de l'Organisation mondiale du commerce, à Genève.




Bruxelles va demander l'arbitrage de l'Organisation mondiale du commerce dans son conflit avec Pékin sur l'acier.

Le ton continue de monter entre Bruxelles et Pékin: l'UE s'apprête à porter plainte devant l'OMC contre les taxes à l'importation que la Chine inflige à certains tubes d'acier inoxydable fabriqués en Europe.

La démarche, imminente selon plusieurs sources européennes, succède à la bataille commerciale ouverte il y a une semaine, avec l'application de droits de douane provisoires aux ventes de panneaux solaires chinois. Mais cette fois, il ne s'agit plus d'une confrontation directe, puisque Bruxelles demande l'arbitrage de l'OMC, gendarme du commerce mondial. Il ne s'agit pas non plus d'une affaire de dumping, au contraire des dossiers récemment ouverts contre Pékin. Pour finir, la Commission se garde bien d'établir le moindre lien entre ces affaires: «L'UE ne pratique pas les représailles, elle n'agit que sur la base du droit», insiste John Clancy, porte-parole du commissaire de Gucht.

Devant l'OMC, la plainte européenne viendrait rejoindre une procédure similaire lancée en décembre par le Japon. Il s'agit d'obtenir que la Chine revienne sur des taxes appliquées depuis septembre 2011, afin de protéger son industrie et un marché de tuyaux d'acier destiné aux centrales thermiques. En Europe, deux producteurs s'estiment lésés: l'espagnol Tubacex et l'allemand Salzgitter. Comme tout contentieux initié à Genève, l'affaire va prendre des années. Dans l'intervalle, Pékin peut maintenir les droits de douanes contestés.

Mittal et Montebourg

En pratique, la plainte européenne à l'OMC ne traduit aucune escalade commerciale, pas plus que l'«enquête» annoncée par Pékin contre les vins français et italiens, voire la «plainte» agitée en coulisse contre le «dumping» de grosses cylindrées européennes sur le marché chinois. Depuis que le commissaire de Gucht a infligé des droits provisoires de 11,8 % aux panneaux solaires chinois, aucune des deux parties n'a effectivement frappé l'autre. On en reste à la guerre des mots. De part et d'autre pourtant, la mobilisation se poursuit, au cas où la négociation se solderait par un échec. Côté chinois, Le Quotidien du peuple en dénonce «l'attitude condescendante de certains Européens». Coté UE, le commissaire de Gucht veut ressouder les troupes après que Berlin a critiqué la décision de taxer les panneaux solaires.

L'acier est, de ce point de vue, un instrument presque parfait. L'industrie européenne est en crise, la surproduction, planétaire et la concurrence chinoise, impitoyable. Des voix aussi opposées que celles de Lakshmi Mittal et du ministre Arnaud Montebourg s'accordent désormais pour réclamer une «taxe sur l'acier» importé dans l'UE. En se rendant à l'OMC, la Commission fait un premier geste dans leur direction.

Le «plan acier» d'Antonio Tajani ne règle pas tous les problèmes…

Antonio Tajani, le commissaire européen chargé de l'Industrie, a présenté mardi un plan pour relancer la sidérurgie, qui a «un avenir prometteur en Europe». Ce plan vise à stimuler la demande dans les domaines des «voitures propres» ou du bâtiment. Il entend aussi améliorer l'accès aux marchés étrangers en luttant contre «les pratiques déloyales» et en surveillant l'approvisionnement en matières premières. Bruxelles compte aussi réduire les coûts liés à la réglementation sur les émissions de CO2. L'association Eurofer a jugé que le plan était «un bon point de départ», mais qu'il restait «beaucoup de travail».

via 译世界